Part des choses

"C'est bien, il a trouvé son esclave"

*se prenant la tête dans les mains "oh non ma pauvre"

"quelle chance de passer tes journées avec lui"

"il a un vrai problème psy, quelque chose sur lequel on n'a pas prise, qui se déclare sans prévenir, comme ça"

Ils ont dit.

J'étais ivre de joie, et ils ont dit. Chacun à leur tour, à leur façon. Je me souviens de lui qui se prend la tête dans les mains avec un regard scandalisé. Je ne l'oublierai pas, elle, impassible à l'annonce, mélange d'incompréhension, d'inquiétude et de désapprobation.

Oui mais. J'ai pas envie d'y croire, même si on ne me la fera pas et que ce sont les signes que méfiance, vigilance et prudence sont de mise. J'ai du mal à croire au portait abject que l'on me dépeint de toi alors que je sens tellement autre chose de ton côté. Stratégie classique de manipulateur, tu me diras, et je te donne tellement de matière que c'est du pain bénit. Bon après, la matière reste somme toute creuse, et remplir le silence de banalités n'en dit que peu sur ma vraie personnalité.
Et c'est vrai d'ailleurs. Ils se méfient tous de toi et te voient comme le pire, et me considère comme une "perle" avec trouze mille qualités, mais en réalité, que savent-ils vraiment de moi ? Je pourrais très bien être quelqu'un d'hyper sympa parce que manipulatrice, bon, la manipulation tarderait franchement à venir, mais on ne travaille pas directement ensemble ! J'ai envie de croire, de me rattacher à cela, la notion de travail et problématiques communs. On n'a pas été en conflit, toi et moi, tout simplement parce que nos maisons n'avaient pas de raisons de l'être. Alors peut être, qui sait, que je connais une facette de toi qu'ils n'ont pas. Peut être que ce sera ça, ma force. Et ils ne savent pas non plus ma capacité à fédérer, attendrir, travailler au corps et mettre dans ma poche. Ils ne connaissent pas le quotidien de ma vie professionnelle, ils ne savent pas ce que j'ai déjà du gérer, ni ce que j'en ai appris.

C'est un défi. Un vrai, stimulant mais aussi un peu inquiétant parce qu'on ne sait pas où l'on met les pieds. Elle a aussi approuvé ce que j'ai dit sur mon travail actuel de passe-plat sans grande utilité, l'aurait-elle dit spontanément si je lui avais demandé ? J'ai confiance en certains, mais confiance ne dit pas aveuglement.

Savoir faire la part des choses, observer, prendre du recul, jouer les bonnes cartes. C'est ce défi là, il est tout autre de ceux que j'ai pu relever jusqu'à présent mais c'est aussi ce qui déterminera la suite. Se faire sa place, se faire une place, et au soleil avec la crème solaire de préférence.

Sûrement, ce sera difficile. Peut être que je devrai composer avec des personnalités et des cas psys autrement plus rudes que ceux croisés jusqu'alors. Mais j'ai gagné de ces années, et je me sens capable. Forte, peut être, même, prête à relever les manches à tout le moins.

Garder la tête froide et faire mon chemin, de manière intelligente et posée. Tout faire pour, en tout cas. C'est parti.