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Sous la foudre...
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7 août 2008

Test... one.. two.. ABABA...

   

Jeanne a 21 ans. Elle est jeune, plutôt jolie. Elle se trouve grosse, et est incapable de se prononcer sur son physique. Elle n'y pense pas. Elle réussi ses études, elle vous dira qu'elle essaie. Jeanne ne croit pas en Dieu, ou à quelconque force obscure. Ca limite pas mal ses possibilités d'avoir de l'espoir dans la vie. Mais elle en a, elle se bat dur et elle y croit dur comme fer. Jeanne croit en l'homme. Elle a un optimisme interne qui l'empêche de sombrer, et parfois elle remercie cet instinct de survie.

Jeanne même une vie normale, entre rêves, projets et la vie qui parfois lui coupe l'herbe sous le pieds. Comme pour tester sa capacité à s'adapter. Souvent elle se demande pourquoi, mais jamais elle ne vous le dira.

Jeanne étudie la littérature. Puisqu'il a fallu faire un choix. Le plus dur dans la curiosité, c'est qu'on ne sait pas bien définir ses limites.

Elle a des amis, des amours parfois, des histoires sans lendemain souvent. Elle ne sait pas trop où ça doit la mener tout ça, où elle s'en va, mais qu'importe, elle veut vivre sa vie dans l'insouciance d'un lendemain à remettre à plus tard.

Elle voudrait devenir scénariste. Dans le cinéma et puis tout. Ca la fait rêver, de parler des autres. Ca la fait rêver, de se plonger dans leur tête, leurs paroles, leurs souffles, sans vraiment savoir si un jour, elle aussi, elle vivra ces choses qu'elle imagine avec pourtant tant de réalité.


Je vais à la fac ce matin. Journée banale, temps banal. Le réveil m'a encore tiré de mes songes de la façon la plus violente possible: la sonnerie avec des petits oiseaux et des chiens de mon téléphone portable. Dans un grognement banal je l'ai éteins. J'ai ouvert les yeux sur ce plafond qu'a toujours la même gueule. La tache dans le coin droit. Et ma voisine qui chante. C'est parti.

La cafetière grogne et la pluie tombe. J'ai les yeux tout collés et les pieds gelés par le carrelage. Tartines aux Nutella, ou plutôt Nutella aux miettes de tartines, avalées, un saut sous la douche, ne pas mouiller les cheveux. Je m'habille en speed, en oubliant encore qu'il n'y a pas de rideau aux fenêtres. Je prend le métro. Les gens ont toujours la même gueule du matin, on dirait qu'ils ont eu la même sonnerie de réveil sur leur portable. Des fois je me demande si le métro c'est réservé aux dépressifs. Normal, les gens joyeux, ils prennent leur vélo, ils machent pour contempler la beauté d'une journée pluvieuse. Ouais, en plus d'être dépressifs, on est paresseux. Où va le monde ma ptite dame. C'est drôle le métro. Tout le monde se regarde jusqu'à ce que vos regards se croisent, alors vite on se quitte des yeux pour ne pas que l'autre pense qu'on le regarde. Quel crime, de regarder les gens. Moi ils me donnent tous envie de sourire. Un gros sourire bien niais, comme une tache sur le tableau des suicidaires. J'ai envie de tous leur foutre des pinces à linge sur les joues pour faire réagir leurs zygomatiques. Hé les mecs ! Vous êtes dans le métro, pas encore dessous ! Et heureusement d'ailleurs, parce que sinon je pourrais pas aller en cours.

J'arrive à la fac, au milieu de ce troupeau d'étudiants qui en fait tout autant. Y a-t-il un complot des sonneries de réveil ? Est-ce qu'un jour ils se sont unis pour nous mener la vie dure ? Un café à la machine, au milieu des regards perdus, dans le vide, grincheux, tout juste sortis du lit et même parfois pas décrottés.

Ah au fait, moi je m'appelle Jeanne. J'ai 21 ans. Je fais des études de lettres pour pouvoir écrire, quelque part c'est logique... Je voudrais bien être journaliste, ou scénariste, ou écrivain, auteur, enfin un truc qui nécessite un stylo, du papier et quelques idées. J'ai pas l'ambition de mes comparses, ça devrait m'inquiéter. Mais plus tard, c'est plus tard, pour l'instant je suis dans les couloirs de cette fac avec mon café dans la main.

J'aime bien l'odeur de la peinture fraiche. C'est con hein, mais j'aime bien. Y a des ptits trucs comme ça, un peu tout les jours, c'est insignifiant mais ça suffit pour être vivant. Comme quand un pigeon se laisse aller sur toi par exemple. Là, tu le sens, que tu existe, je veux dire, matériellement, physiquement.

Je suis une fille banale en fait. Qui a des peurs, des fous-rires, de la jalousie, bref des sentiments humains. Quelle originalité. On se demanderait presque ce que je fous là, à écrire sur ma vie banale. A vrai dire, pour l'heure, je vais en cours avec mon café. Ouais, on en était là, n'oubliez pas. Je rentre dans l'amphi destiné à une vie d'amphi, avec ses sièges rabattables qui grincent, et ses petits mots et gribouillis sur les tables, signe distinctif primaire de l'ennui chez l'espèce étudiante. Je ne vous apprend rien je sais. Tout le monde a été en cours, tout le monde s'y est ennuyé, tout le monde a discuté en même temps que le prof, et tout le monde leur a donné des surnoms particuliers. « L'homme sans rire », « playmobil », « ventre à bière » et « super Dany » peuplent les miens. J'ai quelques amis dans ce qu'on appelle communément la « promo », je m'en sors pas trop mal. Je mène une vie un peu tranquille en fait, parfois on se croirait presque dans une sitcom sirupeuse, genre Dawson. Il manquerait plus que la petite musique tragicos de la fin de l'épisode. Ah et le générique aussi où on serait tous entrain d'éclater de rire comme des jeunes adultes tout heureux de découvrir la vie. Je fais une overdose de bons sentiments quand je vois ça. Si l'épisode se finit mal, tu te venge sur ton chocolat, mais si tout va bien, tu sors danser sous la pluie. La vie c'est niais, et encore pire quand on la niaise encore plus. Non mais des fois je me demande, est-ce qu'il y a des gens qui ont écrit ces niaiseries ? Enfin oui y en a, mais comment on peut payer des gens à réfléchir sur quelle joue de Joey Potter rosit plus ? Enfin dans le même genre, y les feuilletons qui durent trois heures pour une action, avec un suspens tellement trop soutenu que tu arrête de regarder. Non mais y a des gens qui, un jour, se disent que telle personne va coucher avec telle autre, et que ça aura des répercussions sur les 40 épisodes à venir ?

Bon je reconnais, je fustige, mais je suis bonne cliente de ces bouquets d'émotions vitales. Ce qui me fait peur, c'est d'imaginer qu'il y a des gens qui vont vivre leur vie à travers de ça. En fait, c'est ça. Ce que je n'aime pas dans le principe, c'est modifier la réalité, parce qu'avec ces histoires d'identification, y a des gens qui pourraient croire que tout cela existe, et si jamais il leur arrive la même histoire, ils sauront comment réagir.

Bon bref, je m'égare un peu là hein... vous n'osez pas le dire depuis tout à l'heure, mais je suis pas idiote, on me le dis tout le temps, je peux me mettre à débatre sur des trucs stupides pendant 3h. Peut-être que j'aurais dû faire psy en fait.

Je suis là, sur mon siège n°14, rangée 15, et pas trop au milieu pour ne pas être dans le sillage du regard professoral-qui-lêve-la-tête. Je suis là, et lui aussi, rangée 12, siège 32, totalement de l'autre coté de la rangée. Soudoiement interne de moi-même pour ne pas que ces palpitations deviennent visibles. C'est dingue ça, on n'a même pas la possibilité de corrompre son corps pour qu'il arrête de réagir 3 minutes. Ce serait cool ça, devenir maitre de ses émotions. On pourrait reporter à plus tard des émotions qui arrivent pas au bon moment, « oh c'est bon là j'ai pas envie ! ». Du genre le stress, ce serait cool de stresser pour un oral mais après l'oral.

Bon bref je m'égare encore là.

Donc lui, c'est Matthieu. Résumons notre relation: y en a pas. Et sauf tornade ou cataclysme naturel qui ferait que je me retrouve dans ses bras, il n' a pas de raison qu'il y en ait une. De relation, pas de raison.

  • tu bugue

  • quoi ??

Ca c'est Marie. Elle débarque, elle commence toujours par décrire une action que tu es entrain de faire. C'est pas vrai d'abord, je n'étais absolument pas entrain de regarder ce jeune homme.

  • t'étais entrain de regarder Matthieu.

Bon admettons j'étais entrain de le regarder, enfin pas besoin d'admettre d'ailleurs, je le regardais. Mais ça s'arrête là. Une histoire purement, et simplement, platonique. Et juste de mon coté d'ailleurs.

  • T'aime bien, l'odeur de la peinture fraîche ?

  • Bonjour Jeanne, comment vas-tu aujourd'hui ?

  • Non c'est vrai, on pense jamais à se le dire, mais moi j'aime bien l'odeur de la peinture fraiche, et aussi des poulets rotis des épiceries au coin de la rue.

C'est vrai quoi, on prétend qu'on a des amis mais on est incapable de leur dire ces petits trucs qui nous font vibrer ou juste vivre un peu plus chaque matin. Qui peut prétendre qu'il connait parfaitement l'autre? Qui peut prétendre qu'il va apprendre à le faire, parce qu'on n'a jamais le temps de le faire, tu sais. On court tous, partout, sans vraiment avoir de raison de le faire. Alors qu'on n'est même pas sportifs, et même fumeurs parfois. Mais ça, ça fait partie des grands paradoxes de la vie. On sait pas pourquoi on court, on se le demande souvent, mais on reporte la question à plus tard. Sans jamais y répondre. Souvent, je me demande l'intérêt de tout ça. C'est qui le mec qui a décrété qu'il fallait faire des études, trouver un boulot, se marier, faire des enfants, les élever en galère et les voir grandir trop vite, les voir partir, et se retrouver avec l'autre, qu'on a aimé un jour, qu'on ne sait plus si l'on aime aujourd'hui, parce qu'entre temps, une vie s'est écoulée. Qui a décrété ça ? Et pourquoi on le suit tous ? Et pourquoi c'est tellement encré au fond de nous et de notre culture, que lorsqu'on veut le fuir on se fait vite rattraper par des envies conçues et imposées par la société ? Si je mettais la main sur le mec qui a eu l'idée d'une monnaie, d'inventer un principe de récompense et d'échange de ferraille pour un effort ou un service solicité, bah je lui remettrais deux-trois idées en place. Non mais c'est vrai c'est débile. Bon Jeanne, tu vas pas changer le monde, alors essaie de changer le tiens d'abord, peut être qu'à petite échelle ca marchera mieux.

Un jour on s'est parlé, une fois. Je ne me souviens plus trop. J'ai dû me sentir obligée de dire une banalité en attendant le prof. Vous savez, de ces phrases débiles qu'on balance sur la pluie, le beau temps, la coupe de cheveux du prof de philo, ces phrases qu'on lance et qu'on espère que personne rattrapera, ou alors vos potes pour échanger quelques râles et plaintes sur le cours à venir, mais surtout pas Lui. Mais bref, on s'est parlés. Il a attrapé au vol un de mes jet phrasal. Une de mes balles en plastique d'inutilité.

On s'est parlé une fois, et ça a fini par devenir une habitude. Comme ça, sans que je l'attende, sans que je le veuille, sans que je le supplie du regard ou même juste intérieurement. Ca s'appelle la spontanéité je crois. Quand j'avais 14 ans, ça me terrorisais ce genre de trucs. Les jambes flagada, les begaiements, le visage qui devient rouge écarlate, et les yeux qui regardent vos pieds, genre « j'aurais pas oublié de mettre mes baskets aujourd'hui ? ». J'ai 21 ans, et je suis heureuse de voir que je contrôle un peu mieux la situation. Ouais c'est pas encore ça, ne nous emballons pas. Mais je crois que mon corps et moi, on a trouvé un compromis sur le stress et l'adrénaline. Il est sympa mon corps, il me laisse gagner une manche, pour mieux remporter la bataille.

J'aime bien regarder les gens. J'aime bien aller m'installer dans un café et y passer l'après midi a regarder les gens. A écrire sur eux, à me demander ce qu'ils font là, ce qu'ils étudient, de quoi ils parlent. J'aime bien regarder les petits couples dans le rue, ou le môme plein de vie qui court dans la neige.

J'ai plein de philosophies sur la vie. De la philosophie à deux balles, je le conçois, mais despetits principes qui font avancer tous les jours. Comme des repères, des balises, sur nos chemins tordus. Je sais pas trop à quoi ils servent après, tout puisque chacun se fait ses propres idées sur la vie, des propres principes. Alors j'avance, en tentant de respecter les miens, même si au final, ça sert à rien car une partie de moi n'a décidé d'en fais qu'à sa tête.

Je suis assez fuyante. J'aime voyager. J'aime découvrir. J'aime bouger sans arrêt, et que ma vie soit une course. Je profite des choses dans l'adrénaline et la vitesse. C'est peut être ça le secret, en tout cas c'est le miens. J'adore courir avec le temps, il se croit plus malin que moi et je sais que je l'aurais jamais, mais si je peux lui soutirer une seconde, une minute, hisoire qu'elle soit pas perdue, histoire qu'on soit juste heureux.

A la terrasse de ce café, y a trois mecs mignon à ma droite et une fille en face qui essaie de faire de l'oeil à l'un d'entre eux. Bon elle est jolie je l'avoue.

Tu vois, si je me retrouvais en face de toi, je sais pas ce qui se passerais. Tout mon moi exècre ce que tu as fait, tout mon moi se souviens de ces deux mois perdus à penser à toi.

Si on vivait, un jour. Juste pour voir ce que ça fait. Juste pour se dire qu'on l'a fais, une fois. Qu'on a su ce que c'était, et qu'on a trouvé ça bien. Mais vivre sa vie, c'est un pléonasme.

 

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Commentaires
L
Plein de philosophie à 2 balles, ça finit par faire une fortune ...
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Sous la foudre...
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