J'ai compris...

J'ai compris, au fil de rencontres et d'apprentissage, que j'étais bien à ma place.

Que nous petits jeunes fringuants et déterminés, deviendrons petits vieux pleins de sagesse et désabusés.

J'ai compris qu'il fallait pas chercher loin pour trouver le bonheur, et qu'on révolutionnera pas le monde. J'ai compris que ce n'était pas démodé et dépourvu d'ambition que de vouloir vivre une vie tranquile normalement, faite de gosses et de voyages pas cher en CE.

Qu'on aspirait tous à la même chose, qu'on était tous les mêmes rebelles finalement.
Qu'à vouloir voir les choses en grand, beaucoup s'étaient cassés la gueule.

J'ai compris que j'étais plus une gamine, que j'avais l'âge de responsabilités que certains assument pleinement, telles qu'un boulot, des mômes ou un couple qui dure et qui fait des projets. Je peux me leurrer longtemps mais le moment est arrivé, où on ne dit plus "quand je serais grande", parce que hé grande Perche, tu vois déjà le Monde du haut de tes cannes.

Et,

J'ai compris que je continuerai à rêver, à aller un peu plus loin qu'eux qui se sont arrêtés à une tranquilité.
J'ai compris que sans risque, sans action, sans souffrance, je me faisais chier.
J'ai compris qu'aller très vite et passer d'une chose à une autre me permettait de ne pas penser. Et si je m'arrête un jour, finirais-je dépressif et hypocondriaque comme mon Père ? Non, je pense que je serais passée sous un bus avant.
Une vie sans sourires ne m'intéresse pas.
J'ai compris qu'en tant que Grande que je suis désormais, j'avais pas fait de mauvais choix sur ce que je voulais faire, être, dire, penser.
J'ai compris les trucs cons de la vie, la pause café, raconter sa vie, les gens qui aiment parler de soi, j'ai appris à voir le monde, à l'observer de très près, à découvrir les gens et les cerner en quelques mois. J'ai compris à situer cash les gens qui m'aimaient pas, comme ceux qui m'appréciaient un peu plus.
J'ai un peu plus compris comment se déroulerai ma vie, j'ai appris à avoir moins peur de l'avenir, du banal, du normal, peur de tout. J'ai appris à laisser aller et prendre les choses comme elles viennent. J'ai appris à faire des rêves de deuil, et à venir te voir avec le sourire.
Je ne cherche plus. Je n'attends plus.
J'avance, comme ces derniers mois m'ont fait évoluer de la meilleure des manières.