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Sous la foudre...
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1 avril 2020

Besoins

J'ai besoin de dire ma déception.

J'ai besoin de te dire que c'est un vrai manque de tact que de se plaindre de ne pas pouvoir retourner au boulot si vite, alors que d'autres n'ont pas cette possibilité non plus et depuis plus longtemps, et pour plus longtemps encore, alors que des gens meurent, alors qu'il y a peut être des choses plus importantes que de retrouver son confort, et ce, de manière très personnelle, puisque l'ensemble de tes collègues ne sera pas là.

J'ai besoin de te dire à toi, que ce n'est pas crédible que de se plaindre d'avoir été interviewé et de passer à la télé, que tu n'aime pas, mais bon, tu nous informe tout de même que tu vas passer à la télé.

J'ai besoin de vous dire à tous les deux qu'une petite réponse, même un simple accusé réception, vis-à-vis du travail que je me suis attachée à faire spontanément, et qui peut vous servir, ben ça n'aurait pas coûté grand chose et ça aurait tellement, tellement pu changer la façon dont je me sens.

J'ai besoin de vous dire, à tous les deux, combien je me sens mal, inutile, sans but, combien j'ai le sentiment de toujours m'investir, toujours donner en espérant que ça reviendra un jour, mais en attendant que ça revienne, ou tant que ça revient timidement, j'ai l'impression d'avoir le coeur brisé à chaque fois, de miser gros, de récupérer des miettes. Mais bon, ça doit être moi qui m'attache trop, encore, toujours, qui ait beaucoup d'attentes, qui m'emballe, qui espère et fait en sorte que ce soit parfait. Et si je ne fais pas ce pas permanent vers vous, plus rien ne tient. Ou alors, pas autant que ça tient de mon côté.
Quelle est la réponse à ce besoin ? Ca fera comme toujours de toutes façons. Je prendrais conscience de mon excès. Alors je dirais "non mais c'est moi qui m'emballe trop toujours, tout le temps, c'est pas grave". Reste qu'en attendant mon coeur se fissure. Et même s'il s'en remettra, ce n'est pas une sensation agréable, et parfois, j'aimerai bien qu'il ne se fissure pas en silence. J'aimerais qu'on y fasse un peu attention, qu'on fasse, finalement, un peu attention à moi, par rapport à toute l'attention que j'ai pour vous.

J'ai besoin de vous dire, à tous, de partager plus. Je ne comprends pas pourquoi chacun reste dans son coin l'air de rien, comme si de rien n'était. J'en crève de ça aussi. L'indifférence, le non serrage de coude, la timidité des clins d'oeils, mais bordel, on se voit tous les jours, on partage des cafés, des dejs, des pas de porte, des discussions concrètes et des débilités. Et là encore, c'est mon coeur d'artichaud qui s'exprime et qui fait difficilement la part des choses entre "collègues" et "potes". Mais je ne vois pas pourquoi je devrais la faire en fait. Et du coup Je trinque encore.

J'ai besoin de disparaître de la surface de la Terre pour qu'on se souvienne que, tiens, où elle est ? Ca pourrait être vu comme un besoin d'attention. C'est l'absence de confiance qui refait surface. Dites moi que je vaux un peu quelque chose, car ici, je sais que non. J'ai besoin qu'on soit là les uns pour les autres. J'ai besoin de plus de signes, de pas, de soutien, d'entraide.

J'ai besoin que, pour une fois, ce ne soit pas à force d'agiter les bras dans tous les sens que vous avez une considération, un regard, un "eh". Je fonctionne comme ça toujours. J'ai l'habitude de faire des caisses pour une résultat minime, qui ne s'exprime pas mais qui n'en pense pas moins.
Mais là j'ai besoin que la pensée s'exprime.

Et en même temps, je ne supporte pas de penser cela en ce moment. Alors que tu es au charbon, en première ligne. Alors que tu as sans doute bien d'autres préoccupations. Alors que vous avez tous d'autres occupations en réalité. Et qu'il y a des morts, aussi, plein, et pleins de gens dans des situations bien pires, bien moins égoïstes que la mienne.

Alors je ne dis rien. Mais je rumine. Mais je ne dors plus. Mais j'entre en dépression, tout doucement, les mêmes effets, les mêmes causes, qu'il y a quelques années. Mais je cherche l'alternative et la possilité de faire autre chose de ma vie. La possibilité de trouver la force de me décoincer de tout ça. De faire un véritable usage de mes capacités.

 

J'ai pas de solution. Et le temps passe, toujours de la même façon. Alors j'use un peu mon corps, un temps passé je l'aurais maltraité. J'ai pas forcément envie d'aller mieux non plus.

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