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Sous la foudre...
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25 janvier 2015

Au ciel étoilé

Je ferme les yeux, et je suis sur tes genoux dans la cuisine, à cette place en bout de table qui t'était atitrée. J'y suis et tu me chatouille, je ris aux larmes, j'hurle à tes mains qui m'en font mal au ventre.

Je ferm les yeux, je suis en vacances avec vous, les destinations sont floues mais les lieux bien clairs.

Je ferme les yeux, on écoute France info un vendredi soir dans votre petite cuisine, tu sors le pain de la huche tressée bleue et blanche. Et tu le bénis du couteau avant de le couper.

Je ferme les yeux, je revois ces lunettes très 70's qui te donnaient un petit air sévère.

J'ouvre les yeux et tu n'es plus là pour en voir les larmes qui coulent.

Je referme les yeux, je suis entrain de faire pipi dans le jardin, et mon frère va me dénoncer auprès de toi qui bêche. Il t'appelle, tu te retourne, tu perds l'équilibre et tu tombe. Le début de la merde.

Je ferme les yeux et je te vois t'occuper du jardin avec ton chapeau en paille, ton marcel et tes bretelles.

Je ferme les yeux et je t'entends me dire que c'est nul le rap et me raconter une histoire drôle.

Je ferme les yeux et tu es avec ton manteau gris et ton béret.

Il y a des années qu'on t'avait perdu dans ce monde parallèle. Des années encore que tu ne comprenais plus trop ce qu'on faisait dans la vie. Et des années qu'on ne communiquait plus que très sommairement. Mais tu avais toujours un mot gentil, un sourire.

Je ferme les yeux pour me raccrocher à tout ce que j'avais de toi.

Je ferme les yeux et je t'entends encore me dire il y a un mois "mets les mains sur le volant !" alors que je papote en conduisant.

Je ferme les yeux et je sens la main chaude que je t'ai tendu ce jour là.

J'ouvre les yeux et une fois de plus je constate la friabilité d'une vie. Tout ce qu'on y fait ne tient à rien et disparaît en si peu de temps, si peu de choses.

J'espère que, dans Mon bistrot préféré, tu retrouvera tous tes comparses et là crois moi tu pourras picoler tout l'alcool que tu veux. J'espère que là bas ta mémoire reviendra. Et que tu débattra du sens de tout ça avec Aloïs Alzheimer.

Adieu Papy.

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