20 juillet 2015, 18h25

Ce jour là j'avais pris mon vélo pour aller à l'entraînement de la course à pied.

Je pourrais raconter mais il n'y a plus de mots quand on les a répêtés à tous les gens qu'on a croisé. Il n'y a plus de mots à mettre sur le choc de l'âme. Et que finalement il ne m'est rien arrivé d'irréversible, alors faut-il réellement en parler ?

8h de perte de mémoire c'est long, ça commence à faire beaucoup surtout quand on est fier comme moi de son excellente mémoire. Surtout quand les détails ne nous échappent pas. Surtout quand on contrôle.
Et là les détails, l'histoire, et même mon cerveau m'a échappé. Le temps de quelques secondes et je suis à terre, je convulse, j'ai une brûlure à la jambe, une épaule démise, un cocard à l'arcade droite. Un trauma crânien et un hématome cérébral. Le temps de quelques secondes, où mon esprit a choisi de m'envoyer gentiment sur le trottoir désert de droite plutôt que sur la circulation routière de gauche, plutôt que 2m droit devant sur une bouche d'incendie.

Quelques minutes qui se sont transformées en 8h sans souvenirs, sans impression, sans savoir.

La vie a repris son cours depuis mais pourtant quelque chose manque. Ou quelque chose d'une forme dépressive est apparue, comment savoir. Facilement irritable, pas d'envie spéciale, ne pas parvenir à se projeter et l'impression de l'attente de jours meilleurs.

Ce soir c'est ma première soirée seule, mes premiers moments seuls depuis 2 semaines et demi à être en permanence entourée, sans quitter cette maison. Ce soir je m'y retrouve seule et l'impression de vide n'a jamais été aussi forte. L'impression d'angoisse. Reprendre la vie seule, reprendre le chemin normal des choses. Peut être est-ce passager et sûrement en suis-je capable.

Mais c'est là. Tout me manque et rien me manque. Je suis au bord d'une nouvelle direction bien meilleure et je reste sur le pas de la porte. C'est confus, c'est clair. C'est difficile. C'est différent.

20 juillet 2015 je fais un malaise en vélo entre 18h et 18h30.
Je remercie les illustres anonymes qui ont appelé les secours pour moi et dont les témoignages m'ont permis de reconstituer une partie de l'histoire.
Je remercie les pompiers qui ont bien voulu répondre sur tout le trajet menant à l'hopital autant de fois que nécessaire à la question "qu'est ce qui s'est passé ?"
Je remercie le personnel hospitalier pour m'avoir prise en charge alors que je n'en ai aucun souvenir, et pour l'hospitalisation les jours suivants, ces gens qui bossent comme ils le peuvent malgré toutes ces contraintes et ce fonctionnement fou.

Tous ces mots que personne ne verra mais qu'il était important pour moi de poser quelque part. Quelque part qui ne serait pas facebook.

C'est dur.